Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Depuis, — depuis tant d’années déjà ! — combien de fois l’ai-je revue dans notre Paris, celle à qui j’avais fait sans le vouloir tant de mal, un mal que jamais — intolérable pensée ! — il ne me sera donné de réparer ! — Tout un monde de souvenirs chers, tout un passé de jeunesse, d’amour, de confiance, effondré : au lieu de la douceur amère mais attendrie au souvenir des beaux jours écoulés côte à côte avec l’être aimé, l’inexorable ressentiment, l’indignation de l’épouse trahie, outragée, — au lieu du respect, de l’amour, la haine, le mépris à jamais…

Combien, combien de fois je l’ai retrouvée, subitement, à un angle de rue, à un autre, partout, arrêtée tout d’un coup sur moi, toujours vivant rappel de l’heure atroce, — immobile et me perçant froidement de ces yeux calcinés — que je vois toujours…