Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’honneur, — dites ce qui est la vérité : — oui où non, a-t-on déjà remis de ces portraits ?…

Pourquoi me manqua-t-elle, la force de m’oublier, de me renier, moi, en ne voyant plus que la malheureuse qui était devant moi, attendant son arrêt ? — Oserai-je donc proférer ici que je n’avais menti jamais, — et était-ce alors pour sauver ? Quelle morale, quel Dieu eussent cette fois réprouvé mon mensonge ?

Mais quoi ! mon trouble, ce trouble décelant, incoercible, n’avait-il pas déjà que trop répondu, et comment récuser cette dénonciation de moi-même par moi-même, quand cette vérité dont on me sommait éclatait, aveuglante ? Un arrêt mortel doit-il donc être absolument prononcé deux fois ?

Le sol sous moi achevait de s’effondrer… — Péniblement, je balbutiai :

— Vous avez déjà trop vu, madame, qu’il ne m’est pas possible de vous mentir…

Je crus qu’elle allait tomber : — je me précipitais…

Mais elle s’était déjà redressée, et, sans une parole, emportant le fer cassé dans sa blessure, elle se retirait, suivie de cette mère, son bourreau… — que j’avais aidée…