Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion perdue, quelle fidélité, quelle loyauté ! — Affable, bienveillant à tous, sévère seulement aux tardataires et aux enlisés, dès son début il s’était naturellement trouvé en relations personnelles avec tout ce qu’il y a d’éminent dans le domaine de la science abstraite comme dans la science industrielle. Ces relations, qu’un aussi heureux caractère ne pouvait que resserrer de plus en plus intimement, étaient devenues à jamais inébranlables. J’en retrouve à foison les preuves les plus touchantes dans le volumineux dossier recueilli par la piété de sa veuve aux heures des obsèques, en ce triste mois de septembre 1882. La presse de tous les pays, les lettres, les télégrammes, attestent l’universel respect pour le savant, non moins que l’extrême estime cet l’affection pour l’homme.

Esprit libre s’il en fut, âme haute, il a toujours vécu en dehors et bien loin de toutes les attaches officielles, de toutes les conventions, de tous les arbitraires, ne voulant s’en tenir qu’à faire bien. Sa mort a été conforme à toute sa vie d’honnête homme.

— Il est du tout petit nombre de ceux qui restent l’Honneur d’une nation.

Oui, le regard était clair assurément et la vue longue chez ce fils de son œuvre, dès l’aube dégagé de tous liens, qui sut voir si nettement l’erreur se faisant vérité et la vérité devenant l’erreur, en deçà ou au delà d’un ruisseau, d’un caillou, d’une mare,