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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/181

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Ce fut long, mais elle sonna.

Dans un de ses voyages à Paris (— il ne manquait point de descendre chez moi, et alors quelle fête pour nous, surtout quand il était avec les siens ! —) il me parla de ses intentions d’acheter un moteur à gaz, force d’un cheval, dont il avait besoin.

Justement je me trouvais en posséder un, à ce moment inoccupé. — Il était de deux chevaux, mais la force doublée ne pouvait faire grand obstacle.

Immédiatement et sans dire gare, la lourde machine est démontée, nettoyée comme orfèvrerie, emballée, pièce par pièce, avec le soin le plus méticuleux et sur Gand expédiée franco, comme il se doit pour tout présent.

Mon brave Monck, plus accoutumé à donner qu’à recevoir, se montra ébloui de l’envoi, bien au-delà du nécessaire.

— Tu fais des cadeaux de gentilhomme, m’écrit-il.

— Gentilhomme toi-même, c’est toi qui as attaqué.

Il avait oublié son premier présent : « — Bon, reprend-il encore, mais rendre bœuf pour œuf ! »

Comme s’il n’eût pas connu, lui avant tous, qu’en amitié celui qui reste l’obligé est celui qui donne…

Brave et cher compagnon sitôt parti ! Quelle affec-