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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/19

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gazebon vengé

Et, dans un vague souvenir qui venait à se préciser, j’arrivais à retrouver ces deux noms du naïf cafetier de Pau et du comédien mystificateur.

Quelque deux ans auparavant j’avais reçu du même Gazebon, sous l’instigation et les auspices du même Mauclerc, — déjà cette fois « de passage en notre ville » — une première épitre « sensationnale ».

Il s’agissait d’une atroce pendule en cuivre doré, chef-d’œuvre du mauvais goût de la Restauration : sujet, Malek Adel sur son coursier. Ce Malek Adel surabondant, — on ne voyait que lui à tout coin, — en était tombé à se voir refuser l’asile par les derniers brocanteurs.

Le Mauclerc « de passage, etc. », furetant chez le cafetier et y rencontrant ce dernier souvenir des littératures de madame Cottin, l’insidieux Mauclerc s’était exclamé, jurant à l’innocent Gazebon qu’il tenait là une pièce de premier ordre dans la haute curiosité, citée par tous les connaisseurs et dont un seul et unique autre exemplaire connu au monde existait entre mes mains. — Sur quoi il avait facilement incité sa victime choisie à m’écrire bien vite et à s’entendre avec moi — pour maintenir les prix.

Je m’étais abstenu de répondre, et cette première tentative de Mauclerc n’ayant pas été suivie d’effet en ce qui était de moi, il revenait à la charge, poussant derechef sur moi son Gazebon.

Va pour Gazebon, qui « reçoit journellement la