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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/209

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place qu’occupait en 1848 le Ministère des Affaires Étrangères devant lequel partit, au soir du 23 février, le coup de feu qui suffit pour faire écrouler le trône de Louis-Philippe, si solide, semblait-il. Tant il est vrai que se fier à l’apparence ne vaut.

À cette époque, — et ceci paraîtra surprenant aujourd’hui, à moins de soixante ans de distance, — le quartier de la Madeleine était assez peu fréquenté et ses quelques boutiques y étaient aussi modestes que rares les promeneurs. Le vaste terrain fut donc acheté pour un morceau de pain, comme on dit, et non moins économiquement l’acquéreur, une vieille baronne fort entendue en affaires, s’en tint à y aligner de la façon la plus sommaire une suite de boutiques, identiquement surmontée d’un simple étage en compartiments cubiques.

Advint juste à point le mouvement indiqué de Paris sur l’Ouest. En ces choses et en toutes, l’ascension comme la chute s’accélère à mesure de la vitesse acquise. De bonne, la place devenait excellente. Il y avait là, sur une portée qui se chiffrait par nombre de dizaines de mètres et au premier au-dessus de l’entresol, une terrasse en plein nord que la Photographie ne pouvait manquer de guigner tout d’abord.

Presque simultanément deux grands ateliers, dont celui de Le Gray, s’y élevèrent, laissant entre eux deux la place à la photosculpture qui vint s’y