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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/212

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toujours verser sans jamais recevoir. Les dépenses d’installation s’étaient déja trouvées dépasser les prévisions ordinaires, car l’immeubie où nous nous rencontrons justifiait plus que n’importe quel autre son nom d’immeuble. En effet, aux boutiques comme à l’unique étage, rien que les plâtres des quatre murs derriére les vitres au plus économiquement choisies. Libre était aux locataires de revêtir ces murailles nues de riches papiers, voire de tentures, de remplacer le verre par Saint-Gobain, de s’offrir des cheminées s’ils étaient frileux et même, dit-on, de se creuser des caves s’ils avaient besoin de sous-sol. Une gestion plus que stricte, véritable École des Propriétaires, s’en tenait à leur louer la place : rien de plus. C’était un « principe », — et tout esprit ferme en ses desseins sait ce que c’est qu’un principe. — Au surplus, nul n’eût eu droit à se plaindre : on n’avait en vérité forcé personne. Chaque preneur avait été à même d’apprécier si la main dans laquelle il allait mettre la sienne était par trop crochue, — chacun avait eu le droit d’opter, parfaitement libre, après avoir flairé la chose, d’entrer ou de fuir.

Le Gray, lui, avait été moins favorisé encore que nos Bisson. Il n’avait même pas eu à essuyer les plâtres, puisque pour lui il n’y en avait pas ; il avait dû les fournir. On ne lui louait sur ce toit vierge que la place pour les mettre, — un carré d’atmos-