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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/211

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circulaire, se passant de main en main les épreuves du jour. C’était en vérité comme un rendez-vous de l’élite du Paris intellectuel : Gautier, Cormenin Louis, Saint-Victor, Janin, Gozlan, Méry, Preault, Delacroix, Chasseriau, Nanteuil, Baudelaire, Penguilly, les Leleux, — tous ! J’y vis, par deux fois, un autre amateur assez essentiel en son genre, M. Rothschild, — le baron James, comme on l’appelait, — fort affable d’ailleurs et qui achevait déjà de ne plus se faire jeune. — Et tout ce haut personnel d’état-major, au sortir de chez les Bisson, complétait sa tournée en montant chez le portraitiste Le Gray.

Mais n’est pas or tout ce qui reluit. Ce public si brillant, de premier cartel, paye d’ordinaire en une autre monnaie que la monnaie courante et, Rothschild à part, n’est pas précisément celui qui met le charbon sous la marmite.

Or, pendant qu’en haut l’excellent Le Gray, généreux comme tous les pauvres gens, épuisait ses produits et ses cartonnages à combler gratis d’épreuves chacun de ses visiteurs, en bas, les braves Bisson faisaient de même, — c’est si bon de donner ! — si bien qu’à la boutique comme sur le toit, les deux commanditaires manifestaient une certaine agitation et quelque commencement de fatigue inquiète à