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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/215

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un chien suivant tout seul un corbillard de dernière classe. — D’aprés la même « inspiration », Alophe avait dessiné, dans une misérable mansarde, — ébauches et palette au mur, pinceaux épars, — un chien léchant la main de son jeune maître mourant ou mort sur le grabat, — amaigri comme il est indiqué en cas pareil, mais peigné et lissé avec l’impeccable correction d’Alophe lui-même. — Titre : Le dernier ami.

Et pendant que, finalement désarçonnés de leur côté, les Bisson abandonnaient les hauteurs qu’ils ne devaient plus jamais retrouver, Le Gray s’embarquait pour l’Égypte, encore plus las de son dernier effort stérile, abreuvé de chagrins de toute nature, prêt à désespérer……

Il luttait pourtant encore. Sans dire l’adieu définitif à la photographie, il se remit à la peinture et fut nommé par le gouvernement Égyptien professeur de Dessin à l’école du Caire. Le très curieux journal l’Intermédiaire où tout se retrouve nous racontait précisément hier que Le Gray avait été choisi pour donner des lecons aux princes Tewfik (plus tard Khedive), Hussein, Ibrahim, etc., que nous vîmes longtemps a Paris.

Mais la malechance semblait s’acharner sur Le Gray. Il eut une jambe brisée par un accident de cheval et finalement il mourut vers 1882 dans une détresse assurément imméritée.