C’était un chercheur laborieux et remarquablement intelligent, une âme généreuse, avant tout un honnête homme. Ceux-là n’ont pas tous des maisons à eux et ne savent pas s’enrichir de l’exploitation d’autrui ni seulement se pêcher des rentes dans un contrat de mariage.
Je viens de nommer Disderi. Mais en traçant ce nom qui pourtant a fait pendant un quart de siècle plus de tintamarre que celui d’un général d’armées et surtout d’un bienfaiteur de peuples, je me sens arrêté par un doute : je me demande si ces notes rétrospectives sur des individualités disparues, spéciales ici mais parfois bien secondaires, peuvent avoir quelque intérét pour d’autres que pour nos professionnels — et encore ?
Par contre, je pense à tant d’autres personnages, grands ou gros, marchands de paroles, vendeurs de vent, débitants d’orviétans et de viandes creuses, maquignons politiques et autres traitants, dont on nous rebat les oreilles à la journée, partant fort illustres, mais dont toute la besogne en toute leur vie n’aura pas équivalu celle d’un raboteur de planches ou d’un servant de laboratoire, — et je passe outre : mon lecteur pourra à son gré en faire autant.