Il serait difficile d’évaluer la somme des millions qui passèrent par sa caisse dans ces années de surabondance, et ce fut assurément Disderi qui l’ignora le plus. On ne parla plus alors que du luxe, des maisons de campagne, des écuries de Disderi (— ah ! la pauvre petite cavalerie de mes pauvres Bisson !…). Les passants, stupéfiés, s’arrêtaient aux sonneries de ses attelages à la russe qu’il conduisait lui-même, car il avait naturellement le goût du fracas, des apparats excessifs, — et il ne dut pas alors un instant douter que ce triomphe d’éclosion spontanée, sans précédents comme sans limites, ne dût éternellement durer.
Mais ce n’est pas ainsi, enseignaient nos pères, que se font les bonnes maisons. Il n’est trésor qui ne s’épuise et profusion arrive toujours à faire le vide. Si prompte et d’une telle altitude avait été la période ascendante de Disderi que l’éblouissement du vertige l’avait saisi. Encore par ces fascinations, Disderi avait-il depuis longtemps dédaigné de suivre les progrès de cette photographie à laquelle il avait tant dû, quand chaque jour nous apportait d’elle quelque chose à apprendre.
Dès lors l’homme était perdu, comme sa maison. La chute fut aussi rapide qu’avait été la montée. Déjà sa clientèle s’était portée disséminée vers