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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/226

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photographe Salomon le caractère, la respectabilité d’une Œuvre.

Dans le concours de telles conditions et avec la puissante bienveillance initiale des frères Émile et Isaac Pereire, il n’est pas à s’étonner si, du premier jour au dernier pendant nombre d’années, Adam Salomon garda la vogue ainsi conquise.

Fantastique et fantasque comme le maître Coppelius d’Hoffmann sous les alluvions de ses paletots et cache-nez superposés, exagéré encore par les racontages de la Légende qu’il était fait entre tous pour avitailler, ce petit homme tout desséché, inquiétant d’aspect, même un peu sinistre avec ses petits yeux perdus au profond de ses zygomtas exostosés, éraillé du larynx en fausset comme coq élagué, et remarquablement insupportable par son flux diarrhéique de calembours, passait en plus pour rudoyer assez brutalement parfois sa haute clientèle féminine — qui ne s’en décourageait pas.

C’est qu’à côté de lui se trouvait ce qui tout répare et efface, — l’aménité, l’accortise, l’exquise distinction d’une âme et d’un esprit supérieurs[1]. — Et

  1. Madame Adam Salomon a laissé un tout petit livre de quelques pages in-32, format bien modeste pour un réel chef-d’œuvre. Cette plaquette, trop introuvable aujourd’hui, à pour titre : De l’Éducation. La modestie de l’auteur y feint d’avoir traduit les conseils d’une Princesse Chinoise à sa fille.
    Lamartine écrivit en deux alinéas, selon les proportions du mignon opuscule, une préface qui se termine par cette phrase