humeur irradiante et quelque peu tapageuse en ces placides contrées lui avaient de longtemps valu toutes les sympathies. Par sa fécondité particulière et comme quotidienne d’imaginations, d’improvisations burlesques et cocasses le plus souvent, pittoresques et décoratives toujours, dont il n’eût manqué de faire profiter les foules, il en vint à se créer une véritable popularité qui lui resta jusqu’à la fin fidèle. Dans ses gaîtés à froid, parfois énormes, ce Brabançon exemplairement sobre et qui semblait pourtant enluminé de tous les jus de la Bourgogne, joignait à l’entrain gouailleur du gamin de la Villette le pétillement, la fougue d’un fils de la Cannebière. Il n’était pas en cette patrie des kermesses un bourgmestre un peu soucieux de sa cavalcade qui ne vint solliciter de Ghemar une consultation dont il retournait bien vite, triomphant, à ses administrés. — Aux aimables pays dont les fabricants de féeries règlent les Constitutions, le bon Ghemar était de droit nommé et acclamé Directeur de la Joie Publique.
Sa dernière fantaisie acheva le couronnement de sa gloire.
— Ghemar avait annoncé à grand fracas qu’il se chargeait de peindre à lui seul une exposition universelle tout entière, et entendons-nous bien : — une Exposition des œuvres principales de l’Art