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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/240

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Quant aux dépenses, son travail d’œuvre en outre, Ghemar se réjouit fort de s’en tirer avec deux cents billets de mille frances sur table. Il avait diverti les autres et il en avait eu lui-même, comme on dit, pour son argent.

Vicissitudes, chutes humaines ! — Finalement cette étonnante collection du « Musée Ghemar », — de si gros tapage à son heure et qu’il eût été si intéressant de nous conserver dans son ensemble, — se dispersait il y a quelques années, à l’étranger, sans bruit, incognito, aux enchères sans écho d’une salle de ventes à peu près vide…

Ghemar n’était plus là : subitement, sur cette explosion apothéotique de la plus géniale incohérence, cet éclat de rire s’était à jamais figé dans les insondables tristesses, — et le poor Yorick ! » si bon, si allègre, si vivace, si ouvert et dispos à toutes les clartés, s’était éteint, sombre, serré aux tempes par la vis de l’atroce idée noire…

Toute différente de ces souvenirs de Ghemar — toujours présents — s’offre à notre mémoire la figure de Silvy, dont les œuvres et tout au moins autant la personnalité agitérent pendant une longue