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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/255

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Dans un bel ordre irréprochable, hors lequel tout labeur qui n’a pas de temps à perdre se trouve malaise, parmi les appareils et instruments scientifiques de toutes sortes, classiques ou imaginés d’hier, — à science neuve outils nouveaux, — des cages, des aquariums, et des êtres pour peupler cela : pigeons, buses, poissons, sauriens, ophidiens, batraciens. Les pigeons roucoulaient ; les buses ne soufflaient mot, peut-être par crainte d’être reprises en leur qualité ou réputation de buses. Une grenouille évadée du bocal, par contravention tout exceptionnelle sautait à l’étourdie devant vous pour échapper à la caresse de la semelle. Pleine de gravité, une tortue procédait sans vain empressement mais avec une continuité opiniâtre d’un angle à l’autre par les impedimenta divers, infatigable à sa tâche, comme sous une idée fixe en quête de quelque problème et avec la sécurité que donne une conscience tranquille, assistée d’une carapace à l’épreuve. Sous les mailles du treillis, les couleuvres à collier jaune distendaient énerveusement leurs muscles vertébraux en jouissance de la température tiède, et dans le compartiment voisin le petit œil éveillé d’un lézard gris guettait à tout hasard le passage de quelque imprudent éphémère à peu près pour lui seul visible. — Partout, dans tous les coins, la Vie.

Aux tables d’étude, — devant les organismes des engins compliqués, demandant compte, rectifiant le jeu de quelque engrenage, ou recherchant quelque