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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/28

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quand j’étais photographe

modèle qu’il vous plaira choisir. — un cliché, ne fût-ce qu’un seul cliché, qui suffira à démontrer si ce que j’avance est ou non possible. — Naturellement je n’ai, moi, ni appareil, ni produits photographiques, et ce n’est d’ailleurs pas de ce côté mon affaire.

» C’est là tout ce que j’avais à vous demander, monsieur, et vous voyez que le dérangement que je viens solliciter de vous n’est pas bien grand. Quant à ma besogne, à moi, elle ne vous dérangera pas davantage : je ne tiens pas beaucoup de place et je ne vous encombrerai pas avec les onze cents grammes que pèse, sur mes genoux, mon petit moteur Griscom, et qui me suffisent.

» Et je vous serai très reconnaissant, car ce sera un grand honneur pour moi d’avoir été écouté dans une maison comme la vôtre. — Je ne parle pas des résultats au point de vue des profits pécuniaires qui me touchent moins que le reste. Les yeux fermés, je me mets ici en vos mains — que je connais.

Je n’avais point bronché.

L’ami de Pages, suragité, cherchait mes yeux autant que j’évitais les siens, me faisant force signes que je ne voulais voir. Trop évidemment, il me trouvait froid. — N’y pouvant plus tenir, il intervint :

— Ainsi, vous dites qu’à toutes distances et hors de vue, vous espérez exécuter des clichés ?

— Je n’espère pas exécuter, monsieur ; j’exécute.