1830 ET ENVIRONS
Je suis né aux approches de ces temps d’innocence où un ministre ne volait pas plus de cent mille francs : encore s’y mettaient-ils à deux, comme pour se faire mieux prendre[1] et, plus étrange encore condamner. Les mœurs étaient douces, les cœurs simples. Un assassinat nous faisait deux ans : les conversations s’en contentaient. Deux ans pour la Belle Ecaillère de la rue Montorgueil tuée par son pompier, deux ans pour l’assassinat de la Bergère d’Ivry, puisqu’on rencontrait encore à Ivry une bergère ; nous avons changé tout cela. Il y en avait qui criaient : Vive le Roi ! quand le roi passait ; il y en avait qui ne criaient rien. Les vignes donnaient du raisin avec quoi on faisait du vin. On se mettait en pantalon de toile à Pâques, parce que tous les marchands de coutil ne s’étaient
- ↑ Affaire Teste et général Despans-Cubière.