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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/288

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pas encore faits fabricants de calorifères. Les quatre lions en bronze qui gardent l’entrée par où on n’entre pas à l’Institut recevaient avec soumission, à chaque renouveau, leur badigeon vert-chou administratif, — et le bon beurre mi-sel d’Isigny couramment se vendait quatorze sous la livre.

Dans le tome premier de ses Misérables, Hugo — saluons ! — nous peint un magistral tableau de l’année 1817, si vivant, si grouillant, que les personnages y obstruent un peu le fond : l’Esprit s’en prend d’abord aux êtres avant les choses comme la main grand’ouverte laisse tomber les glanes. À peine le Maître nous donne-t-il ie temps de distinguer : « — une chose qui fumait et clapotait par la Seine avec le bruit d’un chien qui nage, allant et venant sous les fenêtres des Tuileries, du pont Royal au pont Louis XV : c’était une mécanique bonne à pas grand’chose, une espèce de joujou, une rêverie d’inventeur songe-creux, une utopie : un bateau à vapeur. Les Parisiens regardaient cette inutilité avec indifférence. »

1817 est déjà loin de ce 1830 où vont se confondre mon enfance et mon adolescence, vers lequel, avec une mélancolique douceur, je me retourne sur les acteurs et le paysage. Un peu avant, un peu après, dans l’indifférent pêle-mêle des faits et des dates