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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/296

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Royal et Frascati, au coin du boulevard et de la rue Richelieu, et en même temps on inaugure la nouvelle Bourse près du nouveau passage des Panoramas. Comme cette Bourse et la synagogue n’ont pas encore décrété le mode du chapeau vissé sur là tête, et comme il y a moins que tantôt tout à l’heure de parvenus et de parvenants, la vieille politesse française remarquablement règne encore. C’est à qui cédera le pas ; on se salue dans les escaliers — on remonterait plutôt, sur une distraction, les marches — et on apprend aux petits garçons à tirer leur casquette à gland en entrant dans une boutique. Ça se passerait mal avec maman si je négligeais de me découvrir en portant le sou au pauvre. — Le sou, et même moins, car un sou, c’est déjà beaucoup. Si la pièce d’or est presque une curiosité, les payements se faisant en pièces de cent sous dans les sacs de forte toile grise, on a des pièces de trente sous, de quinze sous, des six liards tout plats et des liards. Or, un sou c’est quatre liards, quatre unités qui peuvent nous représenter chacune une félicité parfaite : au choix, quatre bonshommes en pain d’épices, quatre verres de coco. Sans parler de vingt hannetons, vingt ! que débitent des petits qui courent les rues, criant à tue-tête leur marchandise grouillante en un vieux bas : V’là d’z’hann’tons, vingt z’hannetons pour un liard !… Oui, la vie est douce.

— Aussi personne ne sourcillait quand la vieille