Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment l’épaule gauche d’un des attachés et, rapide, y applique le fer rouge. Un cri : la chair a grésillé, odorante jusqu’à nous, pendant que l’homme au vinaigre baignant la plaie vive avec son éponge est déjà passé au second patient. J’ai mis la main sur mes yeux et je m’enfuis, plein d’horreur. L’affreux spectacle me poursuit… — C’est devant l’Hôtel-de-Ville, à la place de Grève, qu’on guillotine.

— On se moque fort des quelques « civils » qui se mettent maintenant à porter moustache comme s’ils étaient militaires (— de quoi je me mêle ! —) et principalement on s’indigne contre les commis de magasin, les « calicots » qui s’y montrent les plus osés. On en fait des pièces de théâtre, et il y a même des bagarres à ce propos ; mais le meilleur moyen est encore de se laisser pousser pleine barbe pour se faire assommer au premier coin de rue comme bousingot. — Il y a une émeute par jour. Les étudiants, fils de bourgeois, y fraternisent avec les ouvriers, et les ouvriers croient que c’est arrivé. On compte sérieusement aussi sur les élèves de l’École polytechnique. Les gardes nationaux avec la ligne répriment : ceux de la banlieue tapent le plus dur. Puteaux, Courbevoie, Saint-Ouen — je dis Saint-Ouen et ses conseillers municipaux en tête — sont particulièrement féroces à larder les émeutiers.

— On vient de fermer les maisons de jeu du Palais--