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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/311

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noces, là-bas, plus loin que le boulevard du Temple, près de ce nouveau café turc où on est assis sur des divans. On va admirer cette innovation. — Les cafés principaux, Tortoni, Lemblin, Procope, viennent d’en tenter une autre. Ils ont écrit sur leurs vitrages : Riz au lait, Riz au gras, appel à la débauche opulente. C’est un succès. Au sortir des théâtres qui finissent tôt, les dissipateurs se dépéchent d’accourir avant la fermeture des volets, — minuit sonnant ou l’amende ! — pour prendre leur tasse, et on pense s’ils sont regardés. — Il y a aussi depuis quelque temps une nouvelle façon dans les restaurants, c’est de demander « l’addition », au lieu de la note. Cela fait immanquablement retourner tout le monde.

— Dans les théâtres, c’est M. Scribe qui tient la corde — « la corde avec laquelle Gérard de Nerval s’est pendu », écrira ensuite Méry au bon Audebrand, — La mode est encore que les pièces ainsi que les livres portent un double titre : Victorine ou La Nuit porte conseil, Trente ans ou La vie d’un joueur, Paméla ou La vertu récompensée. Il y a des pièces qui vont jusqu’à soixante représentations. On ne se lasse pas des fringants colonels qui trouvent couramment à épouser des jeunes et jolies veuves avec « dix mille livres de rentes ». — Mais, M. Guizot, protestant et austère, s’est proposé de hausser les prix, formulant en un axiome de deux mots le nouveau Credo : Enrichissez-vous ! » Dans un tout autre Évangile, la femme du chancelier de l’Hospital avait dit :