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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/42

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quand j’étais photographe

— Reste la Question, reprit de Pages. — En résumé, toi qui laisses si complaisamment (ce que je blâme) répéter devant toi le mot favori de notre très charmant mais abominable ami G… « — Tout est possible, même Dieu ! » — tu te refuses donc absolument à admettre à jamais la possibilité de photographier un modèle hors de la vue ?

— Je trouverais aussi téméraire de nier que d’affirmer : je reste flottant, tout comme mon vieil ami Babinet échappant à la querelle que lui poussait Biot. L’athée niait ce Dieu, dont tu viens de parler, avec une insistance si furibonde que Babinet, pour clore : « — Alors vous êtes bien certain qu’il n’existe pas ? Eh bien, mon ami, vous êtes encore plus superstitieux que moi : je n’en sais rien du tout. » — Et mon opinion ne pouvant être ici que d’une valeur très relative, je m’en tiendrai pour conclure, en mon innocence, à cette autre parole du même Biot, si profonde, essentielle, — l’éternelle parole :

« — Rien de plus facile que ce qui s’est fait hier ; rien de plus difficile que ce qui se fera demain. »




P.-S. — Lorsque nous écrivions ces lignes, nous ne supposions guère que la question technique qui s’y trouve imaginativement indiquée allait aussitôt être abordée pratiquement, par notre éminent cor-