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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/41

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gazebon vengé

à quoi ? — au chétif résultat de deux louis illicites !

— Pardon, pardon ! — Tu as ici raison quant à ce chiffre deux ; nous valions mieux que cela et il pouvait nous en tirer au moins cinq : preuve qu’il n’est meilleur cheval qui ne bronche. — Mais t’imagines-tu que c’est pour moi, pour moi tout seul, pour une seule et unique représentation toute cette machination de mise en scène qui a dû demander le travail de tant d’études et de répétitions ! Ça ne serait vraiment pas payé ! — Non : ce que cet aimable garçon nous a ici servi, selon l’endroit, il le débite successivement à tous les photographes de la nature, Paris, banlieue, départements, étranger, assaisonnant la sauce de son entrée et son boniment selon la situation, le goût et l’estomac de chacun, car il n’en sera des plus humbles pour lesquels il ne cuisine. — Et comme aucun des élus, des privilégiés qu’il favorise l’un après l’autre de l’honneur tout particulier de sa confidence et de l’inopiné bienfait des bénéfices futurs à partager jusqu’à l’incalculable, comme aucun ne s’avisera d’aller se vanter à son voisin d’avoir été mis dedans, chacun lui gardant le secret du complice, la mine est inépuisable : il y a donc là vraiment ce que les gens pratiques appellent « une affaire ». — Et c’est toute là philosophie de l’aventure.

Après un silence :