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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/52

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quand j’étais photographe

Champs-de-Mars à sept heures du soir, nous tombions, par une fausse manœuvre d’équipiers, le lendemain matin à huit heures dans le Hanovre, où nous étions traînés pendant sept lieues en trente minutes, — à peu près la vitesse réglementaire des trains rapides.

Imaginez que vous faites ainsi vos sept lieues en une demi-heure, remorqué derrière l’express, dans un panier au bout d’une corde, — et voyez la danse…

Il n’y eut pourtant pas de morts : — seulement un bras cassé pour l’un, une jambe fracturée avec quelques autres luxations pour moi, — et la bien chère compagne qui avait trop bravement voulu « suivre son mari partout », selon la parole des Codes, fut meurtrie cruellement. — Les autres passagers en furent quittes pour des contusions ou injures insignifiantes.

On nous transporta assez péniblemént sur la ville de Hanovre dont nous n’étions pas loin et on nous installa, un peu trop somptueusement, au premier étage du Grand-Hôtel, retenu pour notre petit monde — par l’ordre du Roi[1].

  1. Ces dépenses, comme toutes autres et celle du train spécial chauffé pour nous sans que nous l’eussions demandé, furent soldées par nous jusqu’au dernier silbergroschen, — ce que le Roi certainement ignora — Par nous fut également payé le service médical, sauf vis-à-vis de l’excellent docteur Muller qui déclina tous honoraires et reçut quelques jours après, de notre gouvernement d’alors, le ruban de la Légion d’honneur.
    J’ai conservé tous mes reçus, montant ensemble à quelque