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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/56

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quand j’étais photographe

conversation rompue, hachée par les nécessités de mon travail, je leur demandais de mon côté des renseignements sur certains points qui étaient restés alors inexpliqués pour moi, sur mon lit de blessé. — Du fond de l’atelier, et bien qu’éloignée de nous, la maman prenait quelque part à la conversation dans les intervalles de pose.

Une dernière fois, revenant m’asseoir avec eux, au moment de se quitter :

— Et à propos, veuillez donc me donner des nouvelles d’un très charmant homme auquel j’ai gardé le meilleur souvenir, et dont je n’ai pas entendu parler depuis son duel terrible : — le comte de Wedel ?…

La foudre entre nous trois éclatant n’eût pas produit commotion pareille..…

Les deux jeunes gens, comme électriquement, avaient jailli debout, tous deux tendus, penchés vers un point unique : leur mère, — pâles comme suaires, la respiration suspendue… — pendant que la main de la jeune fille s’était levée vers ma bouche comme pour la clore, et que le jeune homme m’avait, — rapide, strident, comme suffoqué, — murmuré :

Silence !!!…

J’étais resté muet, sans rien comprendre…