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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/6

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vi
présentation

la vie accumule chez qui l’observe, l’étudie et l’aime.

Aimer la vie, c’est le don des poètes, le don suprême, et Nadar l’eut comme personne. Ses amis, ils furent et ils sont innombrables, car de ce bon géant la sympathie émane telle que d’un bloc ardent qui jamais ne se refroidirait ; ses camarades, du plus petit au plus grand, admirent le don perpétuel qu’il fait de soi-même par le geste, la parole, l’enthousiasme. En ce lyrisme lucide, et qui colore sans altérer les événements historiques auxquels il fut mêlé, les hommes de génie, de talent, les baroques, les sublimes, les ratés qu’il fréquenta, tout cet appareil de mémoire fonctionne d’une merveilleuse ordonnance, telle qu’aucune machine ne pourrait la réaliser, par faute de savoir choisir et induire.

C’est à ce spectacle aimable et sans effort que vous convie un témoin des cinquante dernières années du siècle, témoin dont les désillusions n’ont pu épuiser la bienveillance. Parmi tous les bons laboureurs de la vie que