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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/73

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maison isolée, au bout du pont… — Il n’est pas venu : c’est à recommencer.

Recommençons ! — Pour le coup il viendra : on a amorcé la lettre : « —… Une aubaine est tombée, inespérée, inouie, qu’on n’a pas le temps de lui expliquer, est-il écrit. Mais, dès à présent et jusqu’à mieux, il y a un billet de mille frances pour lui, qui l’attend… »

Cette fois il accourt (— parbleu ! —) à la gare, le soir, huit heures un quart, juste pour le train de la demie, comme on le lui-a précisé… La femme est là, épais voilée : « — C’est moi ! — Mais pourquoi aller si loin ? Pourquoi… — Je vous expliquerai tout en route. Fuyons ! Si on nous voyait !… »

Les voilà partis — et arrivés. Dans le wagon plein, il a été impossible d’échanger une parole : on peut enfin se parler un peu, tout en marchant, presque en courant : — « … il fallait bien qu’il la connût, cette petite maison, bien sûre, bien secrète, qu’on a su découvrir, qu’on vient de louer tout exprès pour lui, pour eux deux, grâce à cette petite fortune tombée des nues… Mais on aura tout le temps de se raconter cela, — après… — Dépéchons !… »

Et elle l’entraîne, le tire, — lui, comme indécis, avec une inquiétude vague, emporté vers l’inconnu par les ténébres de la nuit sombre…

Enfin, voici la petite rue déserte. « C’est là ! » — Une clef, — la seconde clef… — ouvre la porte…

« — Entre donc !!! »