journée et à quelle place à jamais respectée les bornes ont été posées. »
Ce procédé mnémonique un peu primitif a été depuis longtemps abandonné ; mais par quoi l’avons-nous remplacé ?
« Cette œuvre gigantesque du cadastre, me disais-je, avec son armée d’ingénieurs, d’arpenteurs, de chaîneurs, de dessinateurs, de calculateurs, a demandé plus d’un milliard et plus d’un demi-siècle de travail — pour être mal faite.
« Cette année, aujourd’hui, je puis, moi tout seul, l’achever en trente jours — et parfaite.
» Un bon aérostat captif, un bon appareil photographique, voilà mes seules armes.
» Plus de triangulation préalable, péniblement échafaudée sur un amas de formules trigonométriques ; plus d’instruments douteux, planchettes, boussoles, alidades, graphomètres ; plus de chaînes de galériens à traîner à travers les vallées, les collines, les terres labourées, les vignes, les marais : nous n’avons plus à déranger les gens chez eux.
» Plus de ces travaux incertains, préparés sans unité, poursuivis et achevés par à peu près, sans cohésion, sans contrôle ni garantie, par un personnel insurveillé auquel le billard du bourg prochain peut faire parfois oublier les heures de travail.
» Miracle ! moi qui ai professé toute ma vie une haine de la géométrie qui n’a d’égale que mon horreur de l’algèbre, je produis avec la rapidité de la