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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/9

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QUAND J’ÉTAIS PHOTOGRAPHE



BALZAC ET LE DAGUERRÉOTYPE


Quand le bruit se répandit que deux inventeurs venaient de réussir à fixer sur des plaques argentées toute image présentée devant elles, ce fut une universelle stupéfaction dont nous ne saurions nous faire aujourd’hui l’idée, accoutumés que nous sommes depuis nombre d’années à la photographie et blasés par sa vulgarisation.

Il s’en trouva qui regimbaient jusqu’à se refuser à croire. Phénomène accoutumé, car nous sommes hargneux de nature à toute chose qui déconcerte nos idées reçues et dérange notre habitude. La suspicion, l’ironie haineuse, « l’impatience de tuer », comme nous disait l’amie Sand, se dressent aussitôt. N’est-ce pas d’hier même, la protestation furibonde de ce membre de l’Institut invité à la première démonstration du phonographe ? Avec quelle indi-