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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/99

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Mais comment, pourquoi, ai-je donc pu, seulement cette fois désespérée, obtenir ce qui m’avait été jusque-là refusé si implacablement ?

La lumière d’un coup se fait, et j’ai enfin l’explication que, plus sagace que moi, mon lecteur praticien a déjà pu deviner.

Cette fois, n’ayant pas de gaz à perdre, je suis monté avec l’appendice fermé, — cet appendice que la prudence élémentaire de tout aéronaute laisse toujours ouvert, béant, à chaque départ, pour donner issue à l’excédant du gaz qui se dilate à mesure que le ballon monte et prévenir ainsi l’explosion.

Or, à chacune de mes montées, cet appendice fusant vomissait à flots par mes bains l’hydrogène sulfuré : iodure d’argent avec sulfure d’hydrogène, méchant ménage irrémissiblement condamné à ne jamais donner d’enfants. En n’imposant pas ici dès la première rencontre le divorce immédiat, j’avais assurément mérité de payer plus cher encore mon manque d’observation et de déduction.

Mais si j’ai eu des torts, je me les pardonne, tout joyeux d’avoir enfin « rompu le sort ».

L’explication de mes méfaits maintenant révélée, je suis, en toute quiétude, bien certain d’obtenir là-haut tous les parfaits clichés que je voudrai, de prouver aux plus savants que j’avais contre eux