Page:Nadaud - Chansons à dire, 1895.djvu/43

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Dans mon pur ivoire.
Alors je me dis : Un amant discret
Ferait à sa belle
Un don qui toujours le rappellerait,
Sans danger pour elle.
Je pris un par un chaque cheveu noir,
Et, la moisson faite,
J’offris ce présent à ma belle, un soir,
Le soir de sa fête.

Ces doux souvenirs écrits en cheveux,
La même personne
Tous deux les reçut, les garda tous deux.
Cela vous étonne ?
Le temps est passé de la floraison
Argentée ou noire :
L’automne a détruit ma double toison
D’ébène et d’ivoire.
Mais nous possédons quelque chose là
Que rien ne déflore :
Un cœur bien donné, qui jadis parla,
Qui bégaie encore.
Et nous revoyons nos jours et nos soirs,
La vendange faite,
Et mes cheveux blancs et mes cheveux noirs,
Quand revient sa fête.