Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme dit Metchnikoff[1], pour expliquer les vrais motifs du changement survenu dans la politique de Hidéyoshi à l’égard des missionnaires.

Quoi qu’il en soit, Hidéyoshi envoya au Père Cuello deux courriers pour « savoir de lui, pourquoi, et par quelle autorité : 1° lui et ses religieux contraignaient ses sujets à se faire chrétiens ; 2° ils engageaient leurs disciples et leurs sectateurs à renverser les temples ; 3° ils persécutaient les bonzes ; 4° eux et les autres Portugais mangeaient des animaux utiles à l’homme, tels que sont les bœufs et les vaches ? enfin, pourquoi ils permettaient aux marchands de leur nation d’acheter des Japonais pour en faire des esclaves aux Indes ? La réponse de ce religieux portait que les Ministres du vrai Dieu étaient venus au Japon des extrémités de l’Europe, et s’étaient exposés à toutes sortes de dangers pour faire ouvrir les yeux aux Japonais qui étaient, sur le fait de la religion, ensevelis dans les plus épaisses ténèbres de l’erreur ; mais qu’il ne leur était jamais venu à l’esprit d’user de violence, et que quand ils l’auraient voulu, il y aurait eu de la folie à le tenter ; que si les nouveaux chrétiens, connaissant la fausseté des sectes du Japon et persuadés que les camis et les fotoques n’étaient rien moins que des dieux, avaient cru devoir ruiner leur culte et abattre leurs temples, il ne fallait pas s’en prendre aux missionnaires qui n’y avaient

  1. L. Metchnikoff. — L’Empire japonais. Genève, 1881, p. 562.