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lique, irritèrent Iéyasou contre eux. Ils prétendirent que cette façon de sonder les ports d’autrui était tenue chez les Européens pour fait d’ennemi ; que les Espagnols sont gens vagabonds, ambitieux de commander et d’envahir les royaumes. Ils ajoutèrent que les religieux qui venaient au Japon étaient des imposteurs qui, sous couleur de piété, « troublaient les royaumes et préparaient le chemin aux Espagnols qui cherchent de nouveaux empires, comme ils auraient déjà fait en d’autres endroits ». Bien que ce récit[1], raconté par les Pères Jésuites, soit certainement très exagéré, ce fait eut, à ce qu’il nous semble, quelque influence sur la décision shogounale.

Peu après (le 6e jour du 8e mois de la 16e année de Keïtcho)(1611), les conseillers du shogoun firent donc paraître un édit aux termes duquel la religion chrétienne était expressément prohibée au Japon et les délinquants très sévèrement punis. Toutes les personnes appartenant à cette religion et que l’on put découvrir à Kioto, Osaka, Nara, Foushimi et autres villes, furent décapitées à Gojoh, dans le lit desséché de la rivière Kamo.

L’année suivante, il y eut une nouvelle persécution qu’il faut attribuer au complot du daïmio d’Arima. Vers cette époque (1611 ou 1612), Iéyasou

  1. P. Nicolas Trigault. — Histoire des martyrs du Japon depuis l’an MDCXII jusques à MDCXX, traduite du latin en français par le P. Pierre Morin. Paris, 1624, p. 18.