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les conquêtes du commandant belormeau

La voici qui gronde, qui jure, qui crache !… Ce pauvre Quellec…

— Comment, tu connais son nom ?

— Dame ! mademoiselle, fallait bien. Ce pauvre Quellec croyant bien faire, veut le prendre et le mignoter… Ah ! bien, ouiche ! Vicomte lui saute par dessus la tête et s’enfuit dans le jardin. Il s’y serait calmé le pauvre animal, si justement, le commandant ne s’était pas trouvé à rentrer. Devant son sabre, son plumet, tout son harnachement, notre chat a perdu la raison ; il avait la queue grosse comme mon bras et les yeux hors de la tête ; d’un bond, il a sauté le massif de lauriers, enfilé l’échelle du grenier et a passé comme un trait, sous la chatière… Bien habile, maintenant qui le fera sortir. Je l’ai appelé sur tous les tons ; il répond d’une voix à vous fendre le cœur, mais il ne se montre même pas. Ce pauvre Quellec, qui a vraiment l’air d’un garçon bien complaisant, m’a dit : « Mademoiselle Benoîte…

— Comment, il sait ton nom ?

— Dame ! mademoiselle, fallait bien. Il m’a dit : « Mademoiselle Benoîte, voulez-vous que je monte le chercher ? »

— Non, non, ai-je répondu. Il serait capable de se casser la tête contre les solives.

— Mais il va mourir de faim, s’écria Mlle Herminie, au comble de l’inquiétude.

— Non, mademoiselle ; je lui monterai sa pâtée.

— Si tu allais tomber ?

— Je demanderai à Quellec de me tenir l’échelle.

Et Mlle Herminie ne songea pas à protester.

Toute la journée, Vicomte poussa des cris farouches ou désespérés, auxquels répondaient, en vain, les plus tendres appels de Benoîte ; il refusait de quitter son refuge et montrait, à la chatière, sa mine effarée et ses yeux fous, semblant attendre, avec un désespoir croissant, l’expulsion des intrus.