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les conquêtes du commandant belormeau

pu avouer mon fol amour au commandant Belormeau, avant de savoir de quelle nature était le sien ! Que j’aurais pu consentir à l’entendre, être vue, peut-être en sa compagnie ?… Être maintenant de celles qu’on montre au doigt ou qu’on regarde avec mépris, mon bouleversement est tel que je ne puis me rassurer !

— Il le faut, au contraire, Valentine… Grâce à Dieu, tes lèvres sont demeurées closes. Les hommes n’ont rien à reprendre à ta conduite. Ce qui s’est passé dans ton âme demeurera un secret entre Dieu, toi et moi. Il te faut donc reprendre courage et reconquérir la santé.

— Tu oublies, dit tristement la jeune fille, qu’à ce jeu, j’ai perdu Philippe.

— Ne m’as-tu pas dit que tu ne l’aimais pas ?

— Je croyais que je ne l’aimais pas, puisque je m’étais fait de l’amour une idée aussi fausse… C’est au plus fort de ma déception que je l’ai comparé à d’autres et que, me sentant si faible, si meurtrie, si désabusée, j’ai désiré, de toutes mes forces, m’appuyer sur une affection solide, loyale, indulgente… une affection comme la sienne, enfin !

— Crois-tu donc que si tu lui tenais ce langage, il demeurerait inexorable ?

— Je ne lui tiendrai jamais ! Je ne voudrais pas qu’il pût croire n’être pour moi, qu’un pis-aller ou un remède, peut-être ? qu’il me juge versatile, folle ou fausse… Je lui ai bien donné le droit de se détacher de moi. S’il me méprise, ou s’il m’oublie, je le trouverai juste. J’ai mérité d’être punie, Minna…

Que, devenaient, pendant que les familles Stenneverck traversaient ces jours troublés, Philippe et Pierre Artevelle ? Ils avaient passé, l’un et l’autre un mélancolique hiver. Philippe était profondément