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les conquêtes du commandant belormeau

que Nanniche est partie et que j’en suis encore bouleversée.

— Ma pauvre Gabrielle, vous n’allez pas vous en rendre malade ? Annette était majeure ; cela limite notre responsabilité.

— Oui, mais c’est la nièce de Catherine.

— Vous êtes bien sûre, madame, reprit Pierre que cette fille n’a pas pu s’absenter pour une autre raison ?

— Mon cher Pierre, elle a emporté toutes ses hardes et ses économies qu’elles ne me confiait point comme le faisait sa défunte tante, et je n’ai pas à conserver de doute : la femme du sacristain m’a dit l’avoir reconnue, à la lueur d’un falot, comme elle montait, avec ses bagages, dans un des fourgons de la cantine.

— Je comprends, madame, dit Pierre, que cette aventure vous soit infiniment désagréable, mais chacun sait bien que vos bons conseils n’ont jamais eu de prise sur la dure cervelle de Nanniche.

— Je suis bien aise que vous le reconnaissiez, Pierre. J’espère que d’autres estimeront, comme vous, que je n’ai ménagé, à cette malheureuse fille, ni la surveillance, ni les avertissements ?

— Ma pauvre Gabrielle, ne t’en fais donc pas tant de souci, interrompit son mari ; Pierre, je vous quitte, on m’attend à la filature.

Les deux hommes se serrèrent la main et Pierre demeura un peu embarrassé.

Grand-père Frantz se rapprocha de lui et le regardant, droit dans les yeux.

— Qu’est-ce que tu veux, toi ?

— Je voudrais vous parler, maître Stenneverck, pouvez-vous m’accorder un instant ?

— Soit, montons dans ma chambre.

— Non, grand-père, fit Valentine ; évitez l’escalier qui ne vaut rien pour vos jambes. Nous avons affaire à la cuisine, puisque nous n’avons plus de servante,