— Ah ! certes, je ne mérite que cela.
Pierre Artevelle s’était, avec empressement, acquitté de sa mission près de son cousin, l’assurant des nouvelles et bonnes dispositions de Valentine et l’exhortant à tenter une démarche près de la jeune fille.
À son grand étonnement, il s’était heurté à une résistance inattendue ; non pas que Philippe se fût détaché de Valentine, ni que son désir de la posséder fût moins vif ; mais parce qu’il s’imaginait que Pierre et Minna prenaient leur désir pour une réalité et, qu’à leur insu peut-être, ils faisaient pression sur Mlle Stenneverck. Pour vaincre sa défiance et sa timidité, il eût fallu, maintenant, que Valentine vînt à lui.
Or, comme celle-ci, de son côté, se croyait devenue indigne de son amour, elle n’eût pas, pour tout au monde, consenti à faire les premiers pas.
Pierre et Minna, avec la complicité de grand-père Frantz, avaient provoqué des rencontres, entre les deux jeunes gens. Philippe s’était montré amical ; Valentine sérieuse et douce ; mais ni l’un ni l’autre n’avait paru se souvenir du lien qui avait existé entre eux.
— Mais ça ne marche pas du tout ! s’écria grand-père Frantz, tout déconfit. Pierre, tu t’es mis le doigt dans l’œil, quand tu as cru voir que Philippe aimait encore Valentine !
— Non, grand-père.
Le jeune homme, par anticipation, disait aussi grand-père.
— Je suis sûr de mon fait, ajouta-t-il. Monsieur voudrait, comme dans les contes de fées, que la princesse vînt en carrosse, lui demander de prendre place à ses côtés.
— S’il ne fallait que le carrosse, on y pourvoirait ; mais la princesse ?… Êtes-vous sûr de la princesse ?
— Grand-père, dit Minna, il faut y voir, vous-