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les conquêtes du commandant belormeau

— Non, grand-père, il s’agit de mon pauvre cœur.

— Qu’est-ce qu’il a, ce pauvre petit cœur que j’ai toujours vu gai comme une alouette ?

— Du chagrin, grand-père.

Et Minna, tout simplement, raconta ce qui s’était passé entre elle et son fiancé.

— Franchement, Minna, demanda l’aïeul, as-tu été très coquette ?

— Non, grand-père, pas très, un peu seulement et si j’avais su que Pierre prît cela au sérieux ?…

— Ma Minette, dit grand-père, en hochant la tête ce qui faisait trembler la mèche de son bonnet, quand on possède un cœur d’honnête homme, il ne faut jamais jouer avec, même légèrement. Tu vois où cela mène ? Je ne veux pas te gronder aujourd’hui, tu es assez punie, ma petite. Tu as bien fait de venir me dire cela ; nous le rattraperons, ce méchant garçon et il aura affaire à maître Stenneverck. Envoie-moi ton père ; je vais parler à Michel ; s’ils veulent m’en croire, nous vous fiancerons, Valentine et toi pour la Noël. Le commandant Belormeau est un aimable homme qui n’a pas, je pense, de mauvaises intentions, mais ces militaires sont toujours, peu ou prou, occupés des femmes et ne jouissent pas d’une réputation de sainteté. Certaines gens pourraient trouver à redire au bon accueil que nous lui faisons. Quand, vous serez officiellement fiancées, mes petites, il n’y aura plus rien à redire et Pierre et Philippe seront rassurés, j’imagine ?…

Grand-père Frantz eut donc avec ses fils un sérieux entretien, à la suite duquel, les communications étant difficiles à cause de la neige, ceux-ci écrivirent, l’un à Philippe, l’autre à Pierre Artevelle, pour leur dire que tout bien pesé et bien examiné, ils consentaient, si c’était toujours leur désir, à fêter les fiançailles le jour de Noël.

Les deux cousins, nous l’avons dit, dirigeaient une