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les conquêtes du commandant belormeau

Malgré cela, elle s’était si bien grisée de cet amour inattendu, elle s’était si fortement attachée à la pensée de devenir la femme de l’officier et de vivre de la vie brillante et mondaine qui souriait à son imagination que le courage lui manquait pour y renoncer. Oui, quoi qu’il dût lui en coûter, elle ferait cette démarche compromettante.

Le chemin qui conduisait au pavillon de Mlle de Batanville était bordé d’arbres et assez solitaire ; l’officier, chaque jour, en quittant ses bureaux, s’y rendait afin de procéder à sa toilette, car le plus souvent il dînait en ville.

Elle l’y attendrait et il pourrait lui parler.

À peine sa décision fut-elle prise, que les obstacles matériels se dressèrent devant elle.

Gardée à vue par la sollicitude inquiète de sa mère, Valentine ne sortait seule que pour se rendre chez sa cousine ou à l’église.

Aller chez Minna était toujours facile ; mais le plus souvent celle-ci venait la reconduire. Sous quel prétexte refuserait-elle sa compagnie ?

Elle pourrait, il est vrai, dire qu’elle se rendait chez son oncle et n’en rien faire, se diriger vers la campagne et y errer, jusqu’à l’heure ou d’habitude le commandant regagnait son logis. Ce mensonge lui répugnait. Puis n’arriverait-il pas que Minna, étonnée de son absence, viendrait la réclamer ?

Dans ce cas, elle serait perdue… Comment s’exposer à cela ?

Restait l’église… Elle y allait souvent réciter son chapelet, à la tombée du jour.

Mais cela lui répugnait plus encore : ne serait-ce pas mêler Dieu à son mensonge, le faire, en quelque sorte, complice d’une faute qui l’éloignerait de Lui.

Il lui semblait sacrilège de passer par l’église pour se rendre dans le chemin du pavillon, poussée par un sentiment qu’elle commençait à pressentir dan-