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À TRAVERS LE GRÖNLAND.

Le vent se lève enfin de l’ouest, et quelques jours après nous rejoignons la flottille des baleiniers. Quelle joie à bord du Jason à la nouvelle que les autres n’ont rien pris depuis notre départ !

Pendant de longs jours nous louvoyons le long de l’iskant au milieu de la brume : toujours pas de phoques ! Le jour de la Saint-Jean, affirment les matelots, le gibier se montrera. La Saint-Jean passe et, après, bien des jours sans qu’on en voie. Heureusement les brouillards se sont dispersés, le temps est maintenant magnifique et le soleil brille éclatant.

Toute la flottille des baleiniers du détroit de Danemark se trouve réunie. Nous sommes là quatorze ou quinze navires. Si l’un vient à se déplacer, tous les autres le suivent ; on passe ainsi le temps. Pourquoi les stemmatopes mitres, si nombreux auparavant dans ces parages, sont-ils aujourd’hui devenus rares ? Les baleiniers se creusent en vain la tête pour chercher le motif de leur absence.

Dans la pensée que des lecteurs liront avec intérêt des détails sur le phoque à capuchon, ses migrations et la chasse acharnée qu’on lui fait, j’ai réuni dans le chapitre suivant mes observations sur ce sujet.


notre première vue de la côte orientale du grönland, près de la montagne d’ingolf.
(dessin exécuté d’après un croquis de m. nansen.)