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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/178

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à travers le grönland.

dée par le capitaine Hegcmann, était bloquée dans la banquise le 6 septembre, par 74° 6’ de latitude nord et 16° 50’ de longitude ouest[1], à environ 38 milles de terre. Le navire dériva ensuite vers le sud le long du littoral, à une petite distance de la côte. Le 19 octobre, il fut brisé par les glaces et coula par 70° 50’ latitude nord et 20° 30’ longitude ouest, à quelques milles de la côte de Liverpool. L’équipage, ayant réussi à sauver des vivres, bâtit sur la glace une hutte, à l’aide de l’approvisionnement de charbon. Il passa dans cet abri la première partie de l’hiver, tout en dérivant vers le sud. Pendant une tempête, le 15 janvier (66° de latitude nord), le radeau de glace ayant été fendu précisément sur l’emplacement de la hutte, les naufragés se réfugièrent dans les canots. Plus tard ils construisirent un second abri sur un autre glaçon. Leur dérive continua vers le sud, jusqu’au 7 mai, date à laquelle l’expédition se trouvait par 61° nord, à quelques milles de la côte, non loin d’Anoritok. Abandonnant alors leur glaçon, les naufragés se mirent dans les embarcations, et le 4 juin réussirent à débarquer sur l’île Huilek, située par 60° 55’ de latitude nord environ. Continuant ensuite leur route vers le sud, ils arrivèrent le 15 juin à la mission des Frères Moraves de Friedrichsthal, à l’ouest du cap Farvel.

Des premiers jours de septembre, date à laquelle la Hansa, fut bloquée dans les glaces, jusqu’au moment où l’équipage abandonna la banquise[2], le 7 mai 1870, la dérive fut d’environ 1080 milles marins. La banquise parcourut ces 1080 milles en deux cent quarante-six jours ; sa vitesse de déplacement a donc été de 4,4 milles par vingt-quatre heures, vitesse inférieure de plus de moitié à celle observée en 1777. Peut-être le courant est-il moins violent en hiver et dans le voisinage de la côte. En novembre fut notée la vitesse

  1. Le navire fut ainsi pris dans les glaces à peu près au même point où l’avaient été les baleiniers en 1777.
  2. L’expédition de la Hansa abandonna son radeau de glace à peu près dans les mêmes circonstances que nous, le 29 juillet 1888. Le 6 mai, les naufragés ne soupçonnaient guère qu’ils pourraient bientôt quitter leurs glaçons ; le lendemain, quel ne fut pas leur étonnement de trouver des nappes d’eau libre s’étendant jusqu’à la côte, et en même temps de reconnaître qu’ils avaient dérivé de 8 milles dans lu direction du nord depuis la veille. Également sous cette latitude le courant paraît avoir un régime irrégulier. La nuit qui précéda le jour où nous abandonnâmes notre glaçon pour nous diriger vers terre, le mouvement de dérive vers le sud fut très faible.