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historique des expéditions.

moyenne de dérive la plus élevée, 7,8 milles marins. Le glaçon de la Hansa se trouvait alors au nord de l’Islande.

Le glaçon de la banquise, sur lequel nous dérivâmes pendant onze jours, se mouvait en moyenne à raison de 24 milles par vingt-quatre heures ; le plus souvent nous observâmes une vitesse de 28 milles. Vraisemblablement le courant est plus fort en été et sur la lisière de la banquise. Le long de la partie méridionale de la côte, la dérive des naufragés de 1777 fut beaucoup plus rapide au sud qu’au nord ; au sud du 64e degré de latitude nord, elle atteignit 18 milles marins par vingt-quatre heures[1].

Sous le 61e et le 62e degré de latitude nord, la direction et la vitesse du courant paraissent très irrégulières, probablement sous l’influence d’un courant dirigé vers le nord. Ce courant, agissant sur la banquise, pousse la glace vers le large. Au nord du cap Dan, le courant paraît également irrégulier.

Tous les renseignements hydrographiques que nous possédons sur la côte orientale du Grönland prouvent qu’au sud du 69e degré de latitude nord le courant polaire subit des variations périodiques, qui sont probablement la résultante de variations éprouvées par le courant portant vers le nord.

Les expéditions dont nous venons de présenter un résumé n’ont pas contribué à nous faire connaître la côte orientale du Grönland. Les renseignements que nous possédons sur ce littoral, principalement sur sa partie méridionale, nous les devons à quelques explorateurs dont nous allons maintenant rappeler les voyages. Leurs travaux, surtout ceux de l’expédition danoise dirigée par le commandant Holm, ont rendu possible notre succès. C’est donc pour nous un devoir de les mentionner ici. Les voyages de Danell ayant, croyait-on, prouvé l’impossibilité d’atteindre la côte orientale par la pleine mer, on songea tout naturellement à partir de la côte ouest et à

  1. Un peu au nord du cap Dan la vitesse du courant est inférieure à celle observée près de ce promontoire et plus au sud. Les baleiniers norvégiens qui fréquentent le détroit de Danemark savent tous que le courant devient de plus en plus rapide à mesure qu’ils approchent du Dan. Plusieurs de ces bâtiments ont été bloqués pendant un temps plus ou moins long dans la banquise, mais la dérive n’a jamais été, que je sache, très considérable.