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navigation au milieu des isbergs.

devant s’étendaient un mouillage parfaitement abrité et une belle grève où il était facile de tirer au sec les oumiaks. La destination des cinq pierres levées fut entre nous le sujet de longues discussions ; d’après le commandant Ilolm, elles devaient servir à amarrer les canots en peau pour les empêcher d’être enlevés par le vent. Sur ces îles les vestiges de constructions étaient très nombreux ; sur plusieurs caps on voyait des cairns et des pièges à renards en ruines.


une pelouse sur la côte orientale du grönland (d’après une photographie.)

Au delà d’Igdloluarsuk, à l’entrée du fjord, une masse d’isbergs gigantesques nous arrête et nous oblige à faire un nouveau détour du côté de la pleine mer.

Pour découvrir le meilleur passage au milieu de ces montagnes de glace flottantes, je gravis l’une d’elles. Vus d’en bas, ces isbergs semblent de dimensions colossales, ils paraissent beaucoup plus énormes encore lorsqu’on les voit de leur point culminant. Celui que j’escaladai présente un sommet presque uni. Un quart d’heure est nécessaire pour le traverser dans sa partie la plus étroite, raconte Dietrichson dans son journal de roule. Le point culminant s’élevait à environ 70 mètres au-dessus de la surface de la mer. La partie immergée ayant six ou sept fois la hauteur de la partie émergée, on