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à travers le grönland.

une pente à toute vitesse. Le skikjælk est en usage en Suède, en Finlande et jusque dans la Sibérie orientale[1].

Ce traîneau servit de modèle pour construire ceux que nous avons employés. Les véhicules de notre expédition me paraissent réunir toutes les qualités requises : ils sont solides, légers et glissent facilement, quel que soit l’état de la neige. Certaines pièces secondaires furent copiées sur le traîneau décrit dans le récit de Greely et qui fut emporté par l’expédition envoyée à la recherche de ce voyageur[2].

Pour la construction de nos skikjælk, je trouvai un collaborateur dévoué dans le menuisier Christiansen, aujourd’hui établi à Næs, dans le Telemark. Il n’épargna ni son temps ni ses peines pour nous livrer d’excellents véhicules.

Ce ne fut qu’après de nombreux essais, notamment à la suite d’un voyage à travers les montagnes entre Bergen et Kristiania, que j’adoptai la forme des traîneaux dont nous nous sommes servis.

Dans leur construction, des planches de frêne particulièrement saines et flexibles furent seules employées. Ce bois étant très résistant, le siège du véhicule put être établi légèrement sans diminuer pour cela la solidité de l’appareil. Les patins étaient en orme ou en érable, bois que le frottement sur la neige rend particulièrement lisse. Ils avaient été en outre recouverts d’une mince plaque d’acier, pouvant se dévisser à volonté. Une seule fois pendant le voyage nous enlevâmes cette plaque.

Le dessin de la page 18 représente très exactement le type de nos traîneaux. Aucune pièce n’était clouée, toutes étaient assemblées au moyen de courroies ; le véhicule avait par suite une grande élasticité et supportait très bien les chocs. Nos traîneaux mesuraient une longueur de 2,90 m. et une largeur de 50 centimètres. Les patins, longs de 2,89 m. et larges de 95 millimètres, étaient relevés aux deux extrémités. Cette disposition augmentait leur force de résistance et leur souplesse ; d’autre part, elle permettait, si un véhicule était avarié à l’avant, de s’en servir encore en employant l’arrière

  1. Sur l’emploi des skikjælk en Sibérie, voir Nicolas Witzen, Noord en Ost Tartarye. Amsterdam, 1705, p. 820.
  2. Greely, Three years of Arctic service. Londres, 1886, vol. 1, p. 199.