Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
ÉQUIPEMENT.

comme avant. Chaque traîneau était terminé par un dossier, disposition très pratique pour le diriger dans les passages difficiles, lorsque deux hommes le manœuvraient.

Sans patins d’acier, chaque skikjælk pesait 11,05 kil. ; avec ses patins, 13,75 kil. Ces patins portaient au milieu une petite quille en acier pour pouvoir gouverner les véhicules sur la glace vive et les empêcher de dévier. Il est très important que les traîneaux obéissent facilement sur les glaciers crevassés. Sans cela, on risque de les perdre dans quelque gouffre et d’être entraîné avec eux. Ces quilles nous furent très utiles ; malheureusement, dans les chocs éprouvés par les traîneaux pendant la traversée de la partie de l’inlandsis voisine de la côte, elles furent en partie brisées, surtout lorsque le temps devint très froid. Par des températures basses, l’acier devient cassant comme du verre. Afin d’éviter cet inconvénient, je conseillerai de tailler les quilles dans les mêmes plaques d’acier que les patins ; mais dans ce cas on ne pourrait les détacher à volonté. Sur chaque patin était fixé un morceau de bois très léger qui donnait au véhicule de la rigidité et de l’élasticité.

Nos traîneaux avaient été construits de façon à pouvoir être tirés par un seul homme. Comme il est utile, dans les passages difficiles, d’envoyer en avant un éclaireur reconnaître le terrain, et que sur la neige pulvérulente la marche est très pénible pour la tête de la caravane, je décidai que le premier véhicule serait tiré par deux hommes. Nous n’emportâmes par suite que cinq skikjælk. Il est, du reste, préférable d’avoir plusieurs petits traîneaux plutôt qu’un ou deux grands, comme les expéditions précédentes en avaient employé. Dans maintes circonstances, au cours de notre voyage, la manœuvre d’un grand traîneau aurait été beaucoup plus pénible que celle d’un petit, et en certains passages, si nous avions eu un véhicule de grandes dimensions, nous aurions été souvent obligés de le décharger tout au moins en partie pour pouvoir passer. En nous attelant deux ou trois à chaque skikjælk, nous avons toujours réussi à les faire avancer ; plusieurs fois, dans des endroits particulièrement accidentés, nous avons pu les porter à bras. Pour marcher à la voile, nous réunissions deux ou trois traîneaux côte à côte, passions en travers des ski ou des bâtons, et amarrions solidement le tout. Des bâtons