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à travers le grönland.

les instruments et pour dessiner, nous avions des doigtiers de laine.

Notre coiffure consistait en un bonnet également en laine, qu’on pouvait enfoncer jusqu’aux oreilles et dans le cou. Avec nos capuchons en vadmel, la figure était ainsi parfaitement protégée, même par les froids les plus rigoureux.

Une expédition qui se propose l’exploration des glaciers doit toujours emporter de bonnes lunettes fumées. Pour avoir oublié de s’en munir, Maïsseïev échoua dans son exploration, en 1859, à la Nouvelle-Zemble. Les verres fumés dont nous nous servîmes étaient
lunettes en bois.
les uns unis, les autres concaves, pour protéger les yeux de tous côtés. J’employai une paire de conserves de cette dernière forme, que m’avait donnée Nordenskiöld, et en fus toujours très satisfait. Nous mîmes également des lunettes en bois noir percées d’un petit trou horizontal, semblables à celles en usage chez les peuples des régions polaires. Comme elles n’ont pas de verres, il ne s’y dépose pas d’humidité, dont la présence arrête la vue ; par contre, leur champ est étroit, ce qui est très gênant pour un patineur. On pourrait, il est vrai, remédier à cet inconvénient en perçant une fente perpendiculaire à la première.

Notre tente, faite à Copenhague sur le modèle de celle dont s’était servi le lieutenant de vaisseau Ryder pendant ses explorations sur la côte occidentale du Grönland, était divisée en cinq morceaux : deux parois, l’entrée, le fond et un plancher en toile à voile imperméable. Je pensais que les différents fragments pourraient être employés comme voiles pour les traîneaux, mais je dus renoncer à cette idée : le morceau formant les parois, et le fond étaient en si mince coton que le vent aurait pu les déchirer. Que serions-nous alors