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le patinage sur les ski. — historique de ce sport.

touché terre continue sa course vertigineuse. Dès le xvie siècle, il y avait en Norvège des courses de patineurs (Olaus Magnus). Depuis 1862, dans les provinces méridionales, on en organise chaque hiver, auxquelles les plus habiles patineurs prennent part. L’un après l’autre ils bondissent dans l’espace, et c’est à qui sautera le plus loin. Les spectateurs attendent impatiemment le moment où le patineur touche le sol. Culbute-t-il, il est accueilli par des lazzis ; arrive-t-il, au contraire, debout sur les ski, tout le monde l’acclame.

Un bon patineur non seulement saule, mais encore peut changer de direction à chaque moment, tourner à angle droit et s’arrêter quand il veut. Autrement il serait exposé à aller se jeter sur les arbres, et culbuter dans un précipice. Dans les courses, les concurrents sont soumis à ces différents exercices, et en cela les gens du Telemark sont passés maîtres. Il est aussi curieux de voir un patineur arriver à toute vitesse, puis tourner à angle droit et s’arrêter, que d’assister à ses bonds à travers l’espace. Les ski sont avant tout un moyen de locomotion. Un patineur doit donc chercher à atteindre une grande vitesse. Aussi, dans les courses annuelles, la distance parcourue a une importance capitale. Il ne suffit pas d’être vigoureux pour franchir rapidement une grande distance sur les ski ; on n’obtient de bons résultats que si dès l’enfance on a eu l’habitude du patinage. Une longue pratique de ce sport, principalement lorsqu’on est jeune, développe les muscles et les qualités d’esprit nécessaires. Regardez marcher l’un à côté de l’autre un patineur expérimenté et un novice, du premier coup d’œil vous jugerez l’avantage qu’assure un long exercice. Le premier glisse sans effort, tandis que le second agile tout le corps et dépense en pure perte une partie de ses forces. Par suite, très rarement, les personnes qui ont commencé à patiner lorsqu’elles avaient un certain âge, deviennent de bons patineurs.

Cet exercice, en faisant travailler tout à la fois les jambes, les bras et le buste, surtout lorsqu’on glisse en s’appuyant sur deux bâtons, développe harmonieusement le corps. L’habitude de marcher avec deux bâtons, empruntée aux Lapons, s’est répandue dans tout le pays, surtout pour les courses rapides. Pendant notre traversée du Grönland, chacun de nous avait deux bâtons.

La vitesse du patineur dépend de l’état de la neige et de la nature