C’est sur la Grande Dimon que le héros des Ferö, le Norvégien
Sigmund Bresteson, fut battu par son ennemi Trand, et c’est là
qu’après sa défaite il sauta à la mer avec ses frères Thorer et Einar,
pour gagner à la nage Suderö, située à un « mille » au sud. Si
la légende est vraie, ce dont je doute, le héros aurait accompli un
véritable exploit. Sigmund porta à la nage son frère Einar jusqu’au
moment où ce dernier rendit le dernier soupir, puis son frère
Thorer jusqu’au rivage, distant encore d’environ 2 kilomètres. Ce
porte faite d’un maxillaire de baleine.dernier fut roulé par le
ressac pendant que Sigmund prenait pied. Ce
tour de force aurait été
accompli en hiver dans un
bras de mer où les courants sont particulièrement
violents. Voilà des hommes
vigoureux dignes de faire
partie d’une expédition polaire !
Dans l’après-midi nous arrivâmes à Thorshavn, la capitale des Ferö, résidence du préfet et des autres fonctionnaires de l’archipel. Dans cette ville importante se publie un journal, le Dimmalœtting, imprimé en feröien et paraissant chaque samedi. Thorshavn est défendu par un fort renfermant trois canons. La garnison a un effectif de douze hommes, m’ont dit certains indigènes ; suivant d’autres, il n’y aurait dans l’île aucune force armée. Ayant trouvé les portes de la forteresse fermées, nous pûmes pénétrer dans l’enceinte en sautant par-dessus les remparts. La ville est bâtie sur les bords de deux baies, sur un terrain très accidenté, dans un cirque de collines. Au loin apparaissent des montagnes qui lors de notre passage étaient couvertes de neige. De la mer, Thorshavn ressemble à une petite ville de la côte occidentale de Norvège.