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la norvège et l’union avec la suède

moment, ils avaient voulu tirer parti de cet avantage, ils eussent pu conquérir une partie de la Suède, ou tout au moins reprendre les provinces perdues.

Mais, heureusement, nous n’en étions plus à nous leurrer d’un bénéfice momentané : en affaiblissant la Suède contre l’ennemi venant de l’Est, nous aurions mis en péril l’avenir même de la Scandinavie[1]. Et, bien que notre commandant en chef, le prince Christian-Auguste, eût reçu du roi l’ordre formel d’envahir la Suède, et de mener la guerre avec la dernière vigueur, il conclut avec son adversaire un armistice, permettant aux troupes suédoises, de se rendre, par marches forcées, à Stockholm, afin d’y déposer le roi Gustave-Adolphe iv, atteint de démence, et de conclure la paix avec la Russie et la monarchie dano-norvégienne.

Nous autres, Norvégiens, nous sommes encore fiers de cette intervention de notre pays, en 1809, en faveur de la malheureuse Suède ; mais nos sentiments ne sont guère en conformité avec les opinions qui se manifestent actuellement chez nos voisins, et dont le Dr  Sven Hedin est un des adeptes principaux ; d’après ces théories, en effet, si l’union entre nos deux

  1. Nous renvoyons, pour cette question, à une lettre qui a été publiée depuis, du comte Wedel, l’un des hommes les plus considérables de la Norvège, où il proclamait bien haut qu’il ne fallait pas aider les barbares à démembrer la Scandinavie (Yngvar Nilsen, Le Comte Wedel Jarlsberg et son temps, Christiania, 1888, vol. i, p. 287).