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la norvège et l’union avec la suède

firent place au système actuel des deux Chambres. Nous avons dit plus haut, qu’en 1815, le pouvoir royal suédois et la Diète suédoise avaient de concert reconnu la parfaite égalité de droits entre les deux royaumes, sur toutes les questions concernant leurs affaires communes ; cette reconnaissance était basée sur ce fait que, si la Suède a une population plus nombreuse et des ressources plus considérables, la Norvège peut invoquer à son avantage sa situation géographique bien plus favorable. Il avait été en conséquence reconnu expressément que les deux peuples avaient, de façon indiscutable, les mêmes droits à faire valoir leur opinion, les mêmes droits à l’égalité des voix.

En contradiction complète avec cette résolution, sur l’esprit de laquelle la Norvège avait vécu et avait basé sa conception de l’union, de Geer proposa, en 1861, un nouvel Acte d’Union, instituant un parlement unionnel, composé au prorata des populations des deux royaumes. « À coup sûr, disait de Geer, le principe de l’égalité de droit, devait servir de base au nouvel Acte d’Union, et tout ce que la Suède pouvait demander c’était d’être reconnue prima inter pares, dans les cas peu fréquents où il serait impossible de réaliser l’égalité parfaite. »

Lorsqu’on lui faisait remarquer que, dans un parlement composé de deux tiers de Suédois, et d’un tiers seulement de Norvégiens, la Norvège se trouverait en « minorité congénitale » et dépouillée par suite de tout droit, lorsque les opinions divergeraient de nation à nation, de